La vie et rien d'autre

Tome 3


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Même la plus petite…

Toute vie vaut d’être vécue, disait ma maman. Même celle des petits enfants, qui à peine nés, retournaient très vite à leur vie d’avant sur les ailes d’un ange. Même pour un instant, une vie vaut d’être vécue. Ma mère avait été infirmière et connaissait le lot des souffrances humaines et la fatalité de la mort aussi, bien sûr. Elle aimait aussi qu’on puisse donner un prénom à un enfant mort-né, parce que c’est le désir d’enfant qui le crée et non pas la durée de sa vie sur terre.

L’injustice du sort est peut-être plus difficile à accepter pour un petit bébé qui n’aura pas eu la chance de tester la vie pour savoir si elle valait le coup d’être continuée. Mais elle était admirative aussi des personnes âgées malades qui conservait du tempérament, et indulgente quand il était un peu fort…

Elle prenait soin des corps avec beaucoup de tendresse, un brin de précision et… une stricte hygiène. Et sans doute plus indulgente avec ces travers-là qu’avec les défauts de caractère.

Même quand elle a cessé d’être infirmière, elle n’a jamais fui le soutien qu’elle devait à certaines personnes ou, pour d’autres, celui que son coeur lui dictait. Apprivoiser la mort était une part de sa vie, les soins une manière de la tenir en respect, au sens propre bien plus que figuré.

Maman parlait de la mort avec douceur, elle en avait tant vu. Et puis elle avait accompagné deux amies en phase terminale d’un cancer et savait sans doute que c’était des drames dont on pouvait se remettre…

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La mort fut-elle douce pour elle… Les médecins l’ont dit, qu’elle n’avait pas eu le temps de se rendre compte de rien, elle qui avait tant pris soin des autres. Que sa mort, si subite et inattendue, lui est permis de ne pas achever sa vie comme d’autres qu’elle avait vu mourir dans la souffrance et le désarroi.

Autour de moi, j’ai connu des personnes qui ont pris soin d’autres personnes qui acceptaient mal parfois de revenir à l’enfance et d’avoir besoin de quelqu’un. Aurais-je aimé garder ma maman plus longtemps, la voir vieillir, l’accepter et m’occuper d’elle ? Et elle aurait-elle voulu cela ? Parfois nous disons oui, parfois nous pensons non.

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Où l’héroïne est une octogénaire…

Toute passion abolie de Vita Sackeville West

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Ironie et élégance toutes anglaises… ou comment évoquer des préoccupations triviales sans atermoiements.

Le  » Never explain, never complain  » britannique est, dans ce livre, démontré avec toute l’efficacité et la discrétion nécessaires.

Comment parler, en effet, sans tomber dans le pathos, de la vieillesse, du corps qui vous lâche, de la mémoire qui se fait sélective, du désir que l’on a de s’éloigner de tout ce et tous ceux qui nous encombrent ? Comment faire d’une femme très agée, l’héroïne d’un récit sans craindre le ridicule ou sans avoir peur d’effrayer son lectorat ? Car quoi de plus désagréable que de penser au grand âge et à la mort ?…

Ici, c’est une leçon de détachement.. Pourquoi s’inquièter de ce qui arrivera de toute manière ? Pourquoi combattre ce qui est inéluctable ? Pourquoi vouloir changer ce qui ne peut l’être. Un livre de la sagesse acquise.

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