La vie et rien d'autre

Tome 3


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Catharsis

J’écris depuis bientôt trois semaines les trois pages préconisées dans le livre de Julia Cameron, Libérez votre créativité.

Habituellement, je les écris au saut du lit voire au lit avant que ne débute ma journée, ce qui est aussi un pré-requis.

Trois pages, c’est long. Certains jours. Il y a des matinées où la nuit a été tellement mauvaise et la journée précédente, un désastre, qu’il n’est pas difficile de remplir trois pages de pleurnicheries, de plaintes et de méchancetés en tout genre.

Cependant, petit à petit, de jour en jour, comme les mêmes motifs de souffrance reviennent sur la page, l’esprit encombré finit par lâcher prise, se lasser. C’est un étrange phénomène à observer.

Une fois son sac vidé, on trouve les trésors enfouis dans les poches cachés. L’esprit est enfin libre pour créer.

Pour certaines personnes, ce sera s’adonner à la peinture ou à la poterie. Pour moi qui écrit, c’est donner naissance à des pensées ciselées, débarrassées de toute impureté et d’une grande lucidité, c’est utiliser des mots limpides et précis qui sortent de l’âme, et non pas d’un coeur meurtri ou d’un esprit agité.

Tout d’un coup, je me retrouve, en lieu et en personne, de l’autre côté du miroir.


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Soleils d’été

Depuis juin, quelques belles rencontres mais personne qui n’a frappé mon âme, hormis  Jane Austen, dont la relecture est comme retrouver une vieille amie qui ne me décevra pas, mieux même… dont je découvrirai de nouveaux aspects !

J’ai relu donc encore :

Raison et sentiments, Jane Austen :  » La famille Dashwood s’était depuis longtemps fixée dans le Sussex.  » J’ai déjà tout dit de Jane Austen, mais c’est à chaque fois, un plaisir renouvelé et un réconfort de la lire.

 

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Et puis, il y a eu :

Sylvia, Leonard Michaels :   » En 1960, après deux années de thèse à Berkeley, je suis rentrée à New York sans doctorat, ni aucune idée de ce que j’allais faire, mais avec le désir d’écrire des histoires.  » Belle écriture sobre d’une passion torturée.

Le tribunal des âmes, Donata Carrisi :   » Le cadavre ouvrit les yeux « . Un polar que j’ai déjà oublié…

Demande à la poussière, John Fante :  « J’étais jeune, affamé, ivrogne, essayant d’être un écrivain ». Ecriture entière pour une histoire désenchantée au son un peu mélancolique et suranné.

Bryanston Mews, Anne Perry :  » Debout en haut de l’escalier, Pitt contemplait la somptueuse salle de bal de l’ambassade d’Espagne au coeur de Londres. «  Mon rendez-vous régulier avec la famille Pitt et ses enquêtes victoriennes,  très classiques, assez prévisibles mais toujours aussi plaisantes.

La solitude du docteur March, Geraldine Brooks:  » 21 octobre 1861, Voilà ce que je lui écris :  » Ce soir, les nuages gaufraient le ciel. »  » Un roman qui complète les Quatre filles du Docteur March, pour celles d’entre vous qui se sont toujours demandées ce que faisait M. March pendant que ses filles et sa femme se débrouillaient seule, une belle narration réussie de la guerre de Sécession.

Un privé à Babylone, Richard Brautigan :  » Le 2 janvier 1942 m’a apporté de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles.  » Une écriture un peu datée et l’histoire d’un privé qui traîne son mal à vivre, un compagnon pour l’écrivain de Fante, voir plus haut !

Le dévouement du suspect x, Keigo Higashino :  » Comme à son habitude, Ishigami sortit de chez lui à sept heurs trente-cinq. «  Un polar à la sauce scientifique, avec une résolution tout à fait réussie ! Une excellente surprise.

La ménagerie de Versailles, Frédéric Richaud :  » Comme la plupart des courtisans qui hantèrent les couloirs du Louvre ou de Versailles à la fin du XVIIe siècle, le marquis Charles de Dunan ne travaillait qu’à s’attirer les faveurs du Roi. «  Excellente idée de départ pour un roman qui laisse sur sa faim, hélas.

Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan :  » Ma mère était bleu, d’un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage. «  Le portrait d’une mère et d’une famille avec ses clairs et ses obscurs, histoire assez  » banale  » mais pas pour l’auteur bien entendu dont la démarche littéraire et affective est exposée de manière honnête et captivante.


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Bonhommes d’hiver tagués

Chez moi, on attend pas le 21 mars pour décréter que c’est le printemps ! Et comme un plaisir n’arrive jamais seul, Isabelle de Cinq minutes 30 m’a demandé de jouer à un petit jeu : alors voilà…

Décris-toi : Je suis les morceaux épars de La part manquante de Christian Bobin.
Comment te sens-tu :  comme dans Best Love Rosie de Nuala O’Faolain, un peu bousculée par l’âge…
Décris où tu vis actuellement : chez Rebecca de Daphné du Maurier, j’aime les maisons qui sont un personnage.
Si tu pouvais aller n’importe, tu irais : en Nouvelle-Angleterre, pour découvrir Les sortilèges du cap Cod de Richard Russo.
Ton moyen de transport préféré : les machines à remonter le temps… et à le réparer comme dans Persuasion de Jane Austen.
Toi et tes amies, vous êtes comme :  Femmes et filles d’Elizabeth Gaskell… entre deux âges !
Comment est le temps ? : Après la pluie, le beau temps. Elle avait raison la comtesse de Ségur, souvent le lendemain est un autre jour !
Ton moment préféré de la journée : à l’abri dans la maison ou au calme dans le jardin, le Crépuscule de Susan Minot quand les passions de la vie s’apaisent…
Qu’est la vie pour toi ? La foire aux vanités de William Thackeray : plus j’observe le monde, plus il me paraît être un grand cirque futile…
Quel est le meilleur conseil que tu as à donner ? Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Lee Harper et écrire- juste-les-mots-justes pour qu’on entende leur petite musique.
Ta peur : ne pas avoir De beaux lendemains de Russell Banks.
Ta pensée du jour :  Possession d’A.S. Byatt. Posséder mon art,  ma seule obsession.
Comment aimerais-tu mourir ?  En n’ayant pas cessé de chercher comme Patrick Modiano, Dora Bruder.
La condition actuelle de ton âme : Grandir de Sophie Fontanelle. Parfois on reste bloqué dans l’enfance…

Et pendant que j’y suis, les livres lus cet hiver :

La composition du jardin, Jean-Loup Trassard :  » Si Nicolas Bichain de Montigny me pria de vouloir bien me transporter sur place et demanda mon avis avant de signer l’acte qui devait le rendre propriétaire de cette petite hauteur ce fut, à vrai dire, de sa part une pure politesse. «  Le mode ’emploi pour construire une maison et un jardin, beaucoup plus sympa que de monter un meuble Ikéa !
Qui es-tu, papa ? Allan Straton.  » Je suis chez les voisins, chez Andy.  » Un livre de littérature jeunesse donné par mon fils, très efficace sur le délit de sale gueule.
Les 10 enfants que Mme Ming n’a jamais eus, E.E. Schmitt.  » La Chine, c’est un secret plus qu’un pays. «  : je n’aime pas les livres trop explicites, les livres qui me disent quoi penser dès la première phrase. Puisque toutes les
vies sont des mystères, tous les livres devraient en contenir.
Les anges de New York de R.J. Ellory. Une belle intrigue, mais des évènements un peu télescopés.
Des clous dans le coeur, Danielle Thiéry  » Rien n’avait changé dans le quartier depuis la dernière fois qu’il était venu là, si l’on exceptait la débauche de guirlandes estives avalées à la sortie de la place Félix Faure, comme une queue de comète s’engouffrant dans la rue du Général de Gaulle. « . Un bon polar à la française.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert, Joël Dicker. – « Centrale de la police. Quelle est votre urgence ? » C’est un policier, un roman, deux romans, trois romans… ?  Une construction qui vous laisse baba, sur le flanc, à genou…

Et si j’en relisais un, ce serait ce bonbon-là : 

Rosa candida, Audur Ava Olafsdottir :  » Comme je vais quitter le pays et qu’il est difficile de dire quand je reviendrai, mon vieux père de soixante-dis-sept ans veut rendre notre dernier repas mémorable. «   Une petite parenthèse de délicatesse, une sonate…